Non pas du tout, ma réapparition soudaine n’a absolument aucun rapport avec le plaisir de retrouver les chroniques de mon amie Marie et ce blogo-partage entre nous qui m’a toujours apporté beaucoup de joie.
J’ai une nouvelle fois déserté ce blog. Je regrette mon manque d’assiduité car la grande nostalgique que je suis aime beaucoup conserver une trace des œuvres qui ont compté dans mon quotidien de croqueuse d’histoires. Impossible de revenir ici sans rattraper un minimum mon retard et partager mes émotions littéraires et cinématographiques de l’année passée.
Les romans coups de cœur
Eugenia de Lionel Duroy. Roumanie, 1935. Éduquée dans l’obscurantisme ambiant de sa famille, Eugenia méprise la population juive. Cependant, son regard va changer au contact de Mihail Sebastian, écrivain juif et roumain dont elle tombe amoureuse. Témoin des agressions subies par l’auteur, Eugenia réalise à quel point la situation est alarmante. Le fait que l’héroïne soit capable de remettre en question les préjugés qui lui ont été inculquée depuis qu’elle est toute petite m’a séduite immédiatement. La suite de la lecture a révélé une force de caractère et de conviction chez Eugenia qui m’a bouleversée. Son honnêteté et son altruisme passent pour de la naïveté aux yeux des forces fascistes et la mènent en quête d’une vérité que le métier de journaliste pourra peut-être lui apporter. Après avoir assisté à l’effroyable pogrom de Jassy et habitée par un besoin irrépressible de comprendre la violence, Eugenia va s’acharner à tenter de définir d’où provient cette haine dévastatrice, choisissant d’interroger les bourreaux plutôt que les victimes. Pour toutes ces raisons, Eugenia est une héroïne que je chérirai toujours. Les styles du reportage et de la fiction s’entremêlent dans un juste équilibre. Le travail de documentation se ressent agréablement. Lionel Duroy parvient à raconter les engrenages des différentes actions politiques et des conséquences sur la population avec clarté et précision. Il en résulte une œuvre dense et accessible dans laquelle il n’est pas seulement question de dates et de faits mais de retranscrire une complexité de sentiments et d’idées, reflet d’une Europe lointaine et encore si proche.
La légende de Podkin le brave de Kieran Larwood. Imaginez une communauté de lapins rassemblée de terriers en terriers guettant l’apparition d’un barde venu raconter les histoires anciennes autour d’un banquet et d’un feu flamboyant. La légende la plus réclamée et renommée est celle de Podkin. Fils du chef de clan et pourtant loin du profil coutumier du héros téméraire, Podkin a ses humeurs bougonnes et chamailleuses, s’endort pendant ses leçons et n’éprouve que peu d’intérêt à son rôle d’héritier contrairement à sa grande sœur Paz qui en tant que fille ne peut espérer diriger un clan. Jusqu’au soir où des lapins géants rongés par le fer, nommés Gorms attaquent leur terrier. Contraints de prendre la fuite Podkin et Paz emmènent leur petit frère Pook laissant derrière eux parents et amis. Poursuivis, ils s’élancent alors vers une forêt profonde dissimulant magie insoupçonnée et compagnons de route dignes de contes. Un roman fantasy jeunesse qui m’a rappelée la grande gourmande d’imaginaire que je suis, rassasiée pendant trois tomes de cette fabuleuse et palpitante aventure!
Le dernier sur la plaine de Nathalie Bernard raconte l’histoire romancée de Quanah Parker, le dernier chef Comanche a avoir chassé le bison et chevauché un mustang sur les territoires de l’Ouest. J’ai été complètement attirée par la vie sauvage, les coutumes indiennes, le lien secret entre Quanah et sa monture, la liberté qu’il respire au contact de la nature. J’ai également été happée par ce mode de vie qui disparaît, menacé par les chemins de fer et l’invasion de l’homme blanc. Pour autant, à aucun moment le livre ne bascule pas dans le manichéisme. Un récit bouleversant, servi par une écriture subtile et poétique qui m’a immensément passionnée.
Les romans dévorés & adorés
The wicked deep de Shea Ernshaw. Trois sœurs exécutées pour sorcellerie, une malédiction qui pèse depuis deux siècles, un océan dissimulant dangers et voix ensorcelantes, menant les hommes vers la noyade, une histoire de vengeance et d’amour. L’atmosphère de cet ouvrage exerce un magnétisme digne du chant d’une sirène et le rythme du récit m’a offert un moment de lecture passionnant. J’ai été envoûtée et conquise.
Nevermoor de Jessica Townsend. Condamnée à mourir le jour de son onzième anniversaire à cause d’une malédiction, Morrigane est poursuivie par la malchance et affublée d’une famille glaciale presque indifférente à son triste sort approchant. Grâce à l’intervention d’un drôle de personnage dénommé Jupiter, la jeune fille échappe au destin funeste qui l’attendait et se réfugie au pays de Nevermoor dans lequel elle devra trouver et justifier sa place. J’ai été agréablement surprise par la créativité déployée par l’autrice. Elle a imaginé un univers haut en couleurs et je me suis laissée emportée dans cette aventure magique pleine d’inventivité.
Engrenages et Sortilèges d’Adrien Tomas. A l’Académie des Sciences Occultes et Mécaniques, les apprentis mages et mécaniciens Cyrus et Grise ne semblent guère s’apprécier. Victimes d’une tentative d’enlèvement, les deux adolescents s’échappent et se retrouvent acculés dans les quartiers malfamés de la ville. Une lecture addictive dotée d’un univers à la fois magique et steampunk fabuleux.
Les essais & biographies très enrichissants
Gros n’est pas un gros mot de Daria Marx. Parce qu’il est important d’accepter et de comprendre la différence de chacun, la lecture de cet essai s’avère nécessaire. Bien que le sujet m’émeut intimement je ne soupçonnais pas à quel point notre société excluait les personnes grosses. De nombreux témoignages et enquêtes dénoncent le regard intolérant voire maltraitant véhiculé par notre société ainsi que le manque d’adaptation dans les lieux publics (cabinet médicaux, restaurants, transports et bien d’autres encore). Je ne peux que vous encourager à le lire ce court essai très instructif!
Ce qu’il reste de nos rêves de Flore Vasseur. Je ne connaissais pas le nom d’Aaron Swartz jusqu’à ce qu’une collègue évoque ce jeune prodige de l’informatique pour qui le savoir et la connaissance devaient être relayés, partagés, libres d’accès et non propriété du business américain. Ses idéaux sur le progrès de l’humanité sont fascinants mais confronté à un système capitaliste, monopolisant privilèges et la trajectoire d’Aaron s’assombrit de façon tragique. Son histoire et son combat méritent d’être connus . La lecture n’est pas toujours évidente notamment quand on ne maîtrise pas le jargon d’Internet et tous ses enjeux politiques. Certains propos m’ont paru un peu trop tranchés et pessimistes sur les réseaux sociaux, néanmoins ce roman m’a appris et m’a fait réfléchir. Pour découvrir l’histoire d’Aaron Swartz il existe également un documentaire The internet own’s boy disponible sur youtube.
Just kids de Patti Smith. Pendant une poignée de jours, j’ai vécu l’effervescence artistique des années 60-70 dans un New-York à la fois sauvage et poétique. C’était infiniment stimulant d’emprunter une vie si loin de la mienne et de ressentir la liberté et l’inspiration de cette femme incroyable. J’ai été émue aux larmes par la relation indéfectible entre Patti Smith et Robert Mapplethorpe. Just kids fait clairement partie de ces lectures qui marquent à vie.
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